L'ADIEU A LA REINE
Bien sûr, on s'y attendait, un jour ou l'autre. 96 ans, c'est un âge plus que respectable, et la nature fait son œuvre, que l'on soit noble ou roturier. Mais tout de même, elle était tellement présente, depuis tellement longtemps, dans la vie des Britanniques et, à travers le Commonwealth, de peuples du monde entier, qu'on avait fini par la croire immortelle.
La mort d'Elizabeth II, le 8 septembre 2022, marque un tournant essentiel dans l'histoire britannique et, au-delà, dans l'Histoire toute entière. En 70 ans de règne, elle a tout vu, tout connu et, contrairement à ce que certains peuvent penser, elle a exercé une grande influence politique, sans jamais rien dire, une sorte de soft power aussi efficace que discret.
Elizabeth II est un monument historique, au même titre que la Tour de Londres, la cathédrale Saint Paul ou le château de Balmoral qu'elle aimait tant, et où elle s'est éteinte. Mais un monument historique que l'on ne verra plus jamais en vrai, sauf à travers des images et des films.
Plus que tout, la reine a su, jusqu'au dernier de ses jours, symboliser et mettre en œuvre avec force deux vertus que les politiciens de tous bords et de tous pays ont oublié depuis bien longtemps : le sens permanent du devoir et la grandeur immuable de la dignité.
Charles III monte sur le trône. Sa tâche ne va pas être aisée : le royaume est en proie à de sévères tensions économiques, et à des risques d'instabilité. Mais les Britanniques forment un peuple incroyablement résilient, et au cours de leur très longue, complexe et passionnante histoire, ils ont toujours su surmonter les obstacles, avec pragmatisme. Sans jamais éclipser l'aura immense de sa mère – il ne le peut ni ne le veut – le nouveau roi, qui est aussi, ne l'oublions pas, duc de Normandie, va enfin accomplir sa destinée. God save the King.